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RSI Environnement obtient de plus en plus de contrats de décontamination au Québec

9 janvier 2022

Radio-Canada

L'entreprise RSI Environnement décontamine des matières provenant d'un peu partout au Canada et même des États-Unis. Depuis quelques années, davantage d'entreprises québécoises se sont tournées vers son expertise. Les contrats provenant du Québec représentent maintenant 60 % de ses activités. 

La PME basée à Saint-Ambroise offre une alternative à l'enfouissement en traitant des sols et des eaux contaminés ainsi que des résidus pétroliers. 

Le procédé à la fine pointe de la technologie est unique en province et très rare au Canada. Un traitement thermique rend les matières inertes, détruisant même les contaminants les plus toxiques comme les BPC, les dioxines et les furanes. 

« On va enlever le contaminant organique par un coup de chaleur. Donc, on va chauffer les sols aux alentours de 650 degrés Celsius et plus. À partir de là, on volatilise le contaminant. Ensuite, on va l'oxyder pour le rendre à sa plus simple expression. Donc, en gaz carbonique, en gaz acides. Ensuite, on a un système de filtration et de neutralisation des gaz qui va permettre d'émettre uniquement une vapeur d'eau et du CO2 à la cheminée , explique le président et ingénieur de formation, Jean-François Landry. » D’immenses bassins couverts situés à proximité des installations thermiques permettent d’entreposer jusqu’à 4,5 millions de litres d’eau contaminée.

La PME qui œuvre dans le domaine environnemental est, selon son président, à la fois un modèle d’écologie industrielle et d’économie circulaire.

« Les sols permettent de fabriquer le terreau et l’eau permet de stabiliser les opérations. Si je n’avais pas de réservoirs d’eau contaminée, je prendrais de l’eau en provenance de la nappe phréatique pour stabiliser les opérations. De l’eau, ça m’en prend. Je suis payé pour la décontaminer », présente-t-il en exemple.

Une vision d'affaires et des valeurs partagées par sa fille Kelly-Ann Landry.

« L’innovation est vraiment importante pour nous. Au final, tout ce qu’on veut, c’est protéger le plus possible l’environnement, diminuer l’enfouissement. C’est avec des projets comme ça qui vont réduire les coûts et baisser nos tarifs », ajoute celle qui est directrice générale adjointe de l'entreprise.

Davantage de contrats d’ici

Il y a quelques années, à peine 15 % des contrats obtenus par RSI Environnement provenaient du Québec. Mais les choses ont changé depuis trois ans. Aujourd'hui, près de 60 % des contrats sont québécois. Jean-François Landry est d’avis qu’avant « les gens n'étaient pas prêts » . Selon lui, une certaine conscience environnementale s’est dessinée au cours de la dernière décennie. Une volonté politique et des entreprises seraient également à l’origine de cette tendance.

« C'est un changement d'attitude, je pense, qui a été causé par la prise de conscience québécoise au point de vue environnemental. Je pense que les politiciens, aussi, on n'a qu'à penser à notre ministre, ici, dans la région et à Sylvain Gaudreault, député de Jonquière, qui ont fait en sorte de faire changer les façons de faire et les règles gouvernementales qui permettent de traiter plus de sols au Québec », précise-t-il.  

L'ingénieur de formation a observé, au fil des années, un changement d'attitude au sein de la clientèle. Par le passé, les clients cachaient leurs besoins de décontamination. Ils faisaient appel aux services de l'entreprise presque en catimini. Les entreprises ne se cachent plus d'opter pour cette solution. M. Landry observe une certaine fierté à « régler les problèmes du passé ».

Malgré ce gain énorme observé au cours des dernières années, l'entreprise du Saguenay aimerait traiter davantage de matières provenant du Québec. Pour y parvenir, le président de RSI Environnement prône une modification des processus d’appels d’offres. Il plaide ainsi pour des obligations de rendements optimums de décontamination, et ce, tant pour les appels d'offres publics que privés.

« Au Québec, c'est malheureux, mais beaucoup de sols s'en vont dans d'autres provinces. Également, on va faire du déclassement de sol. On va baisser à un certain critère pour pouvoir l'enfouir après », expose Jean-François Landry.

Une deuxième vie pour les sols traités

Pour être en mesure de compétitionner les tarifs des sites d’enfouissement, l’entreprise a dû trouver d’autres avenues potentielles de revenus. Au cours des dernières années, RSI Environnement a cherché à revaloriser les sols traités. Une collaboration avec le centre collégial de transfert de technologie Agrinova a permis de développer un terreau composé de matières décontaminées.

Un mélange spécifique qui comprend l’ajout des matières organiques a ainsi été développé.

« On développe à partir de la granulométrie qu'on a de notre intrant qui est le sol contaminé et le sol décontaminé. Les équipes d’Agrinova vont développer des recettes pour avoir le meilleur terreau possible, avec les matières organiques nécessaires », indique le président de RSI Environnement.

Le résultat final peut être utilisé en potager, sur le gazon et pour plusieurs autres utilisations.

« Le sol est complètement décontaminé. On a tous les résultats d’analyse qui démontrent qu’il n’y a plus de matière organique et de matière polluante. On a démontré avec les études d’Agrinova l'innocuité des sols. Une fois traités, il n’y a aucun problème à utiliser les sols », précise Jean-François Landry.

Une PME familiale

RSI Environnement enregistre, depuis quelques mois, une hausse du nombre d'employés. Ils sont maintenant plus d’une soixantaine. Et la croissance est loin d’être terminée puisque plusieurs postes sont à pourvoir.

Arrivé dans l’entreprise en 1997, Jean-François Landry peut maintenant compter sur l’appui de trois de ses quatre enfants, qui s'ajoutent aux quelques dizaines d’employés. Le dirigeant compte consacrer encore quelques années à l'entreprise avant d’amorcer un processus de relève.

« C’est important pour moi, la famille. J’ai bâti ça avec l’équipe de travail. Donc, j’ai des gens qui font partie de ma relève et qui m’entourent, mais le fait de savoir que j’ai des enfants derrière tout ça, je pense que ça permet d’essayer d’innover et de développer encore plus. Si je le fais, c’est en partie pour la famille et les employés qui sont là », confie le patriarche.

Récemment nommée directrice générale adjointe, Kelly-Ann Landry a fait le saut chez RSI Environnement en 2018. À l’époque, elle et son conjoint n’ont pas hésité à quitter Montréal pour grossir, tous les deux, les rangs de l’entreprise saguenéenne.  

« Chaque jour, j’apprends; chaque jour, on a de nouveaux défis. C’est extrêmement gratifiant. Jean-François me donne beaucoup de latitudes et me fait confiance sur beaucoup de domaines. Cela me permet d’y aller à fond et de tenter d’améliorer certaines choses », confie-t-elle.  

Projet de 15 M$ sur la table

RSI Environnement travaille à l'optimisation de ses installations afin de répondre à la croissance. Un projet de 15 millions de dollars est sur la table. Il permettra, à terme, d'ajouter un deuxième procédé thermique de décontamination des sols en plus de créer une dizaine d’emplois. L'usine de Saint-Ambroise pourra ainsi élargir le nombre de matières traitées.

En ce moment, l’entreprise de Saint-Ambroise doit gérer sa croissance. « La demande augmente au Québec et ailleurs. En ce moment, ce qui est difficile, c’est de maintenir le cap. On a beaucoup investi dans notre personnel, aux ventes par exemple, ce qui a fait qu’on a développé notre marché et qu’on est allé chercher plus de revenus. Au final, il faut livrer la marchandise », admet Kelly-Ann Landry.

Les nouvelles installations devraient être fonctionnelles, au plus tard, en 2025 le temps que le projet soit approuvé par le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.  
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